Malawi King - Sans titre "England"

Photography exhibited in "Les Rencontres d'Arles 2023"

William Malawi est né au Kénya et vit aux Etats unis en Pennsylvanie. Il découvre la photographie très jeune et se familiarise avec cet art tout en se forgeant un style et en empruntant du matériel à des amis. Dès qu’il peut acquérir son propre matériel il approfondit son regard et la perception de son environnement en affirmant un style très personnel et coloré à ses photos.
Pour William Malawi, le continent africain est magnifique et multiple dans sa diversité mais il reste encore un énorme vivier d’artistes qui ont beaucoup à donner, de nombreuses histoires à raconter. L’éducation doit être le tremplin d’un nouvel élan pour ces artistes qui doivent également pouvoir s’appuyer sur l’expérience d’autres artistes reconnus. En prenant de l’âge et de la notoriété il s’est promis d’encourager les jeunes artistes pour les guider, les aider à réaliser leurs expérimentations et leur donner une chance.
S’il ne se considère pas comme un artiste queer à proprement parler, son univers et son approche se nourrit de cette culture. William Malawi refuse toute société compartimentée, différenciée en fonction de la race, des origines ou des orientations sexuelles. Son travail permet d’exprimer ses pensées profondes et son inspiration se nourrit de ses expériences tout au long de sa vie. Par exemple cette idée reçue, à laquelle il s’oppose dans nos cultures lorsqu’on prétend que les garçons ne pleurent pas. C’est autant absurde qu’injuste et souvent dramatique ... tout le monde a des sentiments quelque soit son identité ou son mode de vie. Nier la sensibilité d’un individu est pour lui une abomination.
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Ses photos peuvent susciter le rire, la colère voire la confusion mais elles demeurent un lien puissant avec sa communauté. Elles accordent l’humour et ce supplément d’âme pour établir une connexion plus fluide et déplacer les lignes du simple regard. Pour William Malawi, chaque être humain ne peut être restreint à son sexe, sa couleur ou d’autres caractéristiques et ses photos visent à éliminer les obstacles qui opposent des individus à d’autres. Dans les photos de William Malawi la couleur domine, elle vibre au service d’une mise en scène très codée. C’est une symphonie éclatante.
A la fois styliste, accessoiriste et photographe, il scénarise ses oeuvres avec une économie de moyens et de gestuelle qui n’enlève rien à la force du propos. Ses personnages sont tous présentés frontalement, face à un objectif qui s’empare de chaque détail vestimentaire de chaque expression corporelle. Malgré cela rien n’est statique et l’on sent dans chacun de ces portraits en pied une attractivité à la fois joyeuse, chaleureuse et positive.
A 24 ans, cet artiste désormais établi à Atlanta, fait preuve d’une maturité exceptionnelle. Bien qu’autodidacte et sans référence préalable il construit un univers photographique où la dérision ne se démarque pas d’une critique acerbe de nos sociétés. Entre le conformisme des sociétés africaines et le néo-conservatisme américain mis à l’honneur durant l’ère Trump il y a peu de différences. Son travail est une dénonciation du nombre de suicides de jeunes provoqué par un puritanisme exacerbé et un culte de la virilité anachronique dans certaines couches de la société. Détournant habilement les codes et en incorporant dans ses photos des objets et accessoires du quotidien son univers photographique est une formidable charge contre les faux moralistes. Le choix de modèles afro-américains est d’autant plus libérateur qu’universel. Il est un clin d’œil en filigrane à une Afrique dont l’éveil passe par de nouvelles perceptions du monde d’aujourd’hui.
Nul doute que Malawi King est une des grandes surprises de ces Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles. C’est même pour ce jeune créateur une première mondiale grâce au soutien et à l’accompagnement de “Les Enfants Terribles - Paris” qui ont été les premiers à le découvrir ainsi qu’à la Galerie Art-Z qui montre une petite partie de son travail.également pour la première fois. Arles n’étant qu’une étape et avant que son travail ne soit exposé aux USA, Paris se fera un honneur de fêter l’ascencion de ce jeune créateur hors pair.